[B.] Communisme (French)

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Échouant à la fin des années 1920 à investir la radio, alors contrôlée par l'État qui ne souhaite pas y laisser la parole politique libre, le Parti communiste n'abandonne cependant pas l'idée d'une propagande sonore amplifiée par la technique. Au printemps 1932, la Coopérative ouvrière de TSF (COTSF), son organe dédié à la vente de matériel radiophonique, à la promotion de l'écoute de la radio dans le monde ouvrier, puis à la logistique sonore du Parti, publie une série de disques de discours et de chants juste à temps pour les élections législatives d'avril. Cette série porte la marque "Piatiletka – Le disque prolétarien".

Les disques Piatiletka existent pendant 5 ans, jusqu'en 1937. Ils donnent à entendre des montages sonores illustrant l'ingéniosité, unique parmi les catalogues discographiques des organisations politiques françaises des années 1930, à l'œuvre dans la confection des disques communistes. Dans le contexte du Front populaire finissant, les "Éditions sociales internationales", maison d'éditions littéraires du Parti, publient un petit catalogue de disques affirmant l'amitié franco-soviétique et soutenant les républicains espagnols en guerre contre le camp franquiste. Piatiletka, dont le nom fait référence à l'URSS, est remplacée par "La Voix du Peuple", au nom plus consensuel et adapté à une propagande de conquête démocratique du pouvoir national. Peu de disques sont cependant publiés sous cette nouvelle marque, puisque le Parti communiste et ses associations, dont la COTSF, sont interdits par décret en septembre 1939.

Cette interdiction épargne "Le Chant du Monde", maison de disques fondée par des membres et des proches du Parti à la fin de 1937. Cette maison n'est pas officiellement rattachée à la SFIC, mais en diffuse la politique culturelle musicale, notamment à travers une série de chants folkloriques français arrangés par des compositeurs contemporains. Ainsi, Le Chant du Monde, qui n'édite aucun discours, illustre le virage que prend la propagande sonore enregistrée dans la seconde moitié des années 1930 : la musique y sert de moyen de propagande au long cours, sans nécessiter de référence partisane explicite, quand le discours sert plutôt à l'agitation ponctuelle. Le Chant du Monde cesse son activité sous l'occupation, car saisie comme "bien juif".

Dès la fin de la guerre, le disque communiste réapparait par de petites séries ponctuelles comme "Voix de Chez Nous". Le Chant du Monde reprend son activité en 1946, toujours sans lien officiel avec le Parti. Ce dernier sort ponctuellement quelques disques sous son propre nom, notamment à l'occasion du référendum de 1958. Les "Éditions de "l'Humanité"" publiant leur premier disque en 1937, elles suivent aussi la politique culturelle du Parti dans les années 1960, quand les cadres communistes entendent en grossir les effectifs de jeunes militantes et militants en organisant des concours de chanson, dont plusieurs finales font l'objet de disques.

Le catalogue le plus important d'après-guerre est néanmoins celui d'Uni/Ci/Té, entreprise particulièrement active au cours des campagnes législatives de 1973 et 1978. Des disques 45t, le plus souvent souples et se lisant parfois à la vitesse de 33 tours/minute, sont distribués en masse, souvent en tant que suppléments à des titres de presse locale. C'est là le dernier effort important de propagande sonore enregistrée communiste. Elle continue plus tard par des publications ponctuelles.
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