[F.08.2.] Musiques et chants (French)

La série "Musique et chants" est, comme son nom le suggère, la série essentiellement musicale de la Serp. On peut y entendre de la musique militaire, de la musique sacrée, des chansons contemporaines et politiques, issues des répertoires royalistes, catholiques traditionnalistes, nationalistes, et militaires français ou étrangers. Un répertoire de chansons utiles à la propagande du Front national prend corps dans les années 1980, par l'intermédiaire de chanteurs comme Dr Merlin ou Pierre Dudan, ou de groupes de Rock identitaire français (RIF).

On y trouve aussi une anthologie de la musique pour Harmonie, présentant au milieu des années 1970 des pièces de compositeurs des 19e et 20e siècles, enregistrée par la Musique des gardiens de la paix. Cette série, permettant à la Serp d'investir le champ légitime et prestigieux de la musique savante occidentale, est conçue par un chef, Désiré Dondeyne, et un musicologue, Frédéric Robert, étrangers aux idées défendues par Jean-Marie Le Pen. Elle participe cependant à la stratégie de normalisation de l'entreprise. C'est ainsi que Dondeyne et Robert enregistrent avec Gilbert Martin-Bouyer et la Chorale Populaire de Paris (CPP), créditée sur la pochette, un disque de chants et musiques du Front populaire que le Chant du Monde, enregistrant la CPP à la fin des années 1930, avait refusé de produire à l'approche du 40e anniversaire de la victoire de l'union antifasciste des partis de gauche.

La production de la série "Musique et chants" présente deux périodes. Au cours de la première, celle de la direction de la Serp par Jean-Marie Le Pen, la musique enregistrée ignore généralement les sonorités et genres contemporains comme ceux du rock ou du jazz, pour privilégier des musiques, le plus souvent militaires ou sacrées, revendiquées au dos des pochettes des disques Serp comme représentant des essences populaires. Le choix des musiques intégrées au catalogue de la Serp semble ainsi procéder, en premier lieu, de considérations idéologiques. La seconde période, sous les directions successives de Paul Robert et de Marie-Caroline Le Pen entre le milieu des années 1980 et la fin des années 1990, donne à entendre des chansons aux sonorités actuelles, dont certaines appartiennent au genre du rock, pourtant honni par Jean-Marie Le Pen et les vieux cadres du Front national. Là, le répertoire, s'il continue à s'enrichir de musiques militaires et sacrées ou de vieux chants nationalistes enregistrés par le Chœur Montjoie-Saint-Denis, devient plus festif tout en restant fondamentalement politique. La tactique et la pragmatique semblent alors dicter le choix des productions musicales de la Serp. Celles-ci sont utiles à soutenir une sociabilité militante nouvelle, rajeunie, ainsi que la politique culturelle que développent les cadres du FN à l'initiative de Bruno Mégret, lequel souhaite gagner au parti une jeunesse militante d'extrême-droite mais étrangère, voire hostile, à son parti. Ce dernier effort avant la fin de la Serp, disparue à la suite de la tentative ratée de Mégret de prendre la présidence du FN à Jean-Marie Le Pen, produit l'enregistrement d'une chanteuse, Isabella Imperatori, aux textes frontistes louant la figure du président historique du parti.
(French)